« C’est facile pour moi de m’identifier à mes clients »
14 juillet 2016 agvs-upsa.ch – Des constructeurs et des fabricants se sont penchés sur les adaptations qu’il serait possible d’apporter aux différents véhicules pour rendre leur autonomie aux personnes handicapées. En Suisse, une quinzaine de sociétés oeuvrent dans ce domaine. Parmi elles, la carrosserie Odiet à Delémont.
Gabriel Odiet est né en 1961. Un accident de la circulation survenu le 22 décembre 1988 à 14h00, l’a rendu paraplégique (colonne vertébrale cassée). Il a passé huit mois à hôpital à Bâle où il a reçu d'excellents soins médicaux et bénéficié d’un suivi psychologique. A sa sortie, il est parti en vacances en Bretagne avec sa famille. C’est Clay Regazzoni, à l’occasion d’une rencontre, qui lui a conseillé de ne rien changer à sa vie. Il a donc repris son travail de chef d'atelier dans une carrosserie.
L'adaptation d'un véhicule pour personnes handicapées est naturellement fonction du handicap de celle-ci. La première option, pour une personne n'ayant plus l'usage de ses jambes, sera d'installer les commandes de l'accélérateur et des freins au volant. Ces adaptations peuvent être apportées sur n’importe quel véhicule à boîte automatique. Gabriel Odiet a déjà procédé à ces modificationssur une Porsche GT3 ou une Nissan GT-R. Rien n'est impossible. Il a aussi modifié une Aston Martin de collection.
Parmi les autres modifications que la carrosserie peut exécuter pour sa clientèle, nous pouvons citer l'adaptation d'une porte coulissante pour charger sa chaise roulante, avec l'utilisation ou non d'un robot qui prend la chaise pour l'installer soit à l'arrière du véhicule soit sur le toit. Le déplacement de l'accélérateur à gauche pour une personne ayant perdu l'usage de sa jambe droite est aussi une possibilité. On peut aussi installer des sièges qui pivotent électriquement, sortent du véhicule et s'abaissent pour faciliter le transfert de la chaise roulante vers le siège de la voiture. Les possibilités sont nombreuses, mais souvent méconnues, pour rendre une partie de son autonomie à une personne qui souvent souffre de sa dépendance aux autres.
Tout type de véhicule équipé d'une boîte automatique – aussi un Porsche (g.) - peut recevoir un ensemble pour la conduite comportant les gaz et les freins au volant. Décaissage d'un Renault Kangoo afin d'y adapter le système pour transporter une personne en chaise roulante. Images : Gabriel Odiet
Le savoir-faire et les capacités techniques sont certes importants dans ce type de transformation. Mais il ne faut pas négliger la part de psychologie qui entre dans le processus. Gabriel Odiet peut facilement s’identifier à ses clients et comme il le dit « c’est facile pour moi, car je suis handicapé ». Pour chaque demande de modification, Gabriel Odiet se déplace, va à la rencontre de son futur client. Ensemble, ils entament une relation de confiance qui leur permet de définir précisément les besoins en fonction du handicap. Tout n’est pas réglé pour autant. Il faut encore contacter les bonnes instances, préparer un solide dossier et, selon les cas attendre trois à six mois pour obtenir une réponse favorable. En dernier ressort, le client devra passer une épreuve de conduite au volant de son véhicule modifié qui attestera de son habilité à la conduite et du respect des normes de sécurité. Gabriel Odiet nous le confirme, tout doit être tenté pour rendre l'autonomie à quelqu'un. Il arrive malheureusement qu’une transformation ne soit pas suffisante. Gabriel Odiet doit alors l’expliquer à son client et lui conseiller de déposer son permis de conduire.
Plus d'information sur la homepage www.autohandicap.ch